Intervention au Meeting de Front de Gauche à Montataire...
Intervention
sur les sans-papiers au meeting du front de Gauche à Montataire le 9 avril 2009
Je
dois commencer par vous dire que je ne suis pas un spécialiste de ce dossier.
Ma seule légitimité vient du fait que j’essaie de traiter localement un certain
nombre de dossiers discrètement loin du tapage médiatique. Je suis engagé sur
ce dossier et sur bien d’autres et je m’exprime ici en mon nom et les propos
que je vais tenir n’engagent que moi-même.
Je
suis militant associatif depuis de longue date et la question de l’immigration
s’impose en tant question majeure localement et sur le plan national et
européen.
Auparavant,
cette question était le fonds de
commerce de l’extrême droite.
Aujourd’hui
elle est exploitée par le Président et
son parti.
Etre
immigré en France est presque un délit.
Etre
clandestin est un crime.
Mais
qu’est-ce qu’un clandestin ?
Un
homme, une femme comme vous et moi. Une partie de l’humanité.
Mais
ici un clandestin est forcément un hors la loi.
La droite a vu que s’attaquer seulement aux clandestins n’est pas suffisant. Alors elle a décidé de s’attaquer à ceux parmi nous qui aident des hommes, des femmes et des enfants.
Elle
a inventé le délit de solidarité.
Certaines
consciences de ce pays sont poursuivies dans ce cadre.
La
mobilisation d’hier partout en France est une réponses citoyenne à la politique
Sarkozy-Hortefeux-Besson.
Cette
politique qui prolonge une liste noire de lois votées par cette droite dure, inhumaine, et sans morale : les lois
Pasqua, Debré Sarkozy Hortefeux :
Insaturation de visa, contrôle des
mariages, tests ADN, la politique des
quotas et la politique du chiffre concernant les expulsions…
Sarkozy
a vu que ce n’était pas suffisant de s’attaquer aux émigrés en France, il
décide alors de traiter la question sur le plan européen. Sa présidence était
un moment capital pour la directive de la honte.
La
France dont la devise est
« Liberté, Egalité, Fraternité » tourne le dos a sa longue et
glorieuse histoire des droits de l’homme, à ses valeurs humaines…
La
gauche a sa part de responsabilité car elle n’a rien dit d’audible sur cette
question. Elle tombée tombée dans le piège tendu par la droite et l’extrême
droite. Ce n’est pas Michel Rocard qui a dit que la France ne peut pas recevoir
toute la misère du monde.
Les
clandestins parcourent des milliers de kilomètres, ils sont victimes de la
chaleur, du froid, de la faim, des maladies, de l’errance, de la solitude, de
la guerre et surtout de la rapacité des trafiquants. Ils sont les esclaves des
temps modernes.
Ils
sont esclaves des capitalistes de Neuilly et d’ailleurs.
Ceux
dont on n’a pas besoin, on va les chercher sur les lits d’hôpitaux ou à la
sortie des écoles pour les expulser.
Les
clandestins sont parmi nous mais ils se cachent car ils ont la peur au ventre,
la peur d’être arrêtés, mis en centre
de rétention ou en prison ou renvoyés… Certains préfèrent mourir, se jeter des
fenêtres que d’être arrêtés.
L’Europe est devenue une forteresse, elle s’est barricadée. Si vous ne me
croyez pas faites un tour du côté de Mililia et de Ceuta.
La
France et l’Europe préfèrent piller les richesses des pays africains mais elles
ne veulent pas entendre parler de la misère, de la pauvreté, de la faim, des
dictateurs qui trouvent en France et ailleurs des paradis fiscaux et immobiliers,
ces dictateurs qui pillent à leur tour ce qui reste du pillage colonial et
impérialiste. La globalisation veut dire la globalisation pour les riches, les
capitalistes mais pas de globalisation pour les pauvres. Les pauvre s doivent
rester chez eux, ils n’ont pas droit au mouvement.
La
France et l’Europe ne pillent pas seulement les matières premières mais elles
pillent également la matière grise. Ce qui veut dire que l’Afrique n’a aucune
chance de s’en sortir.
Qu’est-ce
qu’il faut faire ?
1-
Il faut arrêter ce pillage immédiatement
2-
Il faut une Politique de coopération offensive, un plan Marshall en destination de l’Afrique, mais
une coopération dont les fruits arrivent aux populations et non sur les comptes
en banque des dirigeants et des dictateurs.
3-
Il faut lancer des projets concrets en destination des populations en matière
d’éducation, de santé, de développement
4- Il faut aussi respecter ces peuples car l’homme africain fait partie de l’histoire et de la civilisation humaine contrairement à ceux qui professent le contraire.
Au
lieu de construire des murs et des barricades, l’Europe a tout à gagner à
construire des ponts d’amitié, de fraternité et de solidarité avec les peuples
du sud.
La
méditerranée était jadis un lieu de rencontres des cultures, des civilisations
et des peuples, elle devient aujourd’hui un cimetière pour les pauvres et les
damnés de la terre et de l’humanité.
Un
jeune de l’autre côté de la méditerranée a dit :
(traduction
) « Je préfère être mangé par les poissons que par les vers ».
Voilà
la seule perspective que présente l’Europe aux jeunes du sud.
Le
nord arrogant et donneur de leçons a conduit l’humanité de catastrophe en
catastrophe : l’esclavagisme, le colonialisme, le hitlérisme, les deux guerres mondiales, le capitalisme et
l’impérialisme.
Monsieur
le député, il est de votre devoir de donner à l’Europe un autre sens, une autre
orientation qui privilégie l’homme au marché, qui privilégie les valeurs au
capital, la vie à la bourse.
Il
est de votre devoir, du notre aussi, de construire une Europe pour les hommes
et non pour les marchés et les capitalistes.
Il
faut une autre Europe où l’homme est au centre et non à la périphérie, où les
droits passent avant les profits.
Il
faut une Europe qui se bat contre les injustices et non une Europe qui crée les
injustices.